68 – Création, art et inconscient – (Novembre 2022)
Depuis Freud, l’art n’a cessé de faire objet pour le discours analytique, c’est à dire n’a cessé de lui échapper. Tout discours de fait achoppe sur le Réel de la création et se trouve en même temps relancé puisque l’art agit comme un plus de jouir sur son spectateur, son lecteur, son admirateur que peuvent être le psychanalyste ou son analysant.
La pratique artistique comporte ceci de commun avec la pratique analy- tique qu’elle reste, pour une part mystérieuse, non transmissible. Bref, sa structure est fondamentalement trouée. Elle est acte en ceci même que, loin de voiler ce trou, elle en trouve sa cause. Sans doute, va-t-elle un pas plus loin et fraie-t-elle la voie pour le psychanalyste en proposant, à chaque fois et à nouveau frais, au lieu de la béance de l’Autre, un semblant à même d’agrafer le Réel. Là réside son génie au sens plein du terme, sa poësis pourrait-on dire.
A partir de cette proposition, il s’agit moins pour nous de relancer une psy- chanalyse appliquée qui chercherait confirmation dans une théorie de l’art, s’offrirait comme outil critique, comme un tout savoir sur l’art, depuis l’interprétation de l’œuvre jusqu’à la psychobiographie de l’artiste, que de se laisser enseigner par les effets de l’œuvre, dans son acte de production, comme dans sa réception pour un sujet, analyste ou analysant.