Formation

La formation des psychanalystes pose aux institutions qui les rassemblent des questions de fond. Ce sont les questions sans cesse renouvelées par le mouvement de la psychanalyse elle-même:

  • Qu’est-ce que la psychanalyse aujourd’hui?
  • Quelle formation et quelle pratique de la psychanalyse sont reconnues comme étant non seulement dans l’esprit mais plus encore, à la lettre de l’héritage de Freud et de Lacan ?
  • Comment faire valoir cette psychanalyse et la formation qui lui est associée au sein d’une association de psychanalystes, l’Association freudienne de Belgique, tenant compte de l’inévitable conflictualité qui oppose institution psychanalytique et l’objet de la psychanalyse, l’inconscient?

Comme nous l’avons déjà indiqué, l’Association freudienne a déjà par le passé publié certains textes sur le sujet, dont la lecture est vivement conseillée, en particulier les numéros du Bulletin Freudien sur la Transmission et sur la Formation (1990/15 et 1994/22).

Nous souhaitons en outre rappeler, quelques uns des principes directeurs qui nous guident dans l’accueil des candidats et dans la formation des membres. Les nouveaux membres interrogeant les plus anciens: « dites-nous ce qu’est la psychanalyse pour vous? » nous répondons que l’Association refuse les pratiques aléatoires ou purement intuitives, la dévaluation et la médiatisation des concepts, l’hermétisme tout autant que la suffisance.

Pas seulement doctrine, ni seulement pratique de soins, la psychanalyse participe de ces deux références : elle est tout à la fois plus que l’une et l’autre, elle est un mouvement qui traverse le temps, mouvement des générations avec leurs filiations et leurs transmissions, pensée au plus près de la clinique, au plus près de l’inconscient lui-même qui est un « hors-temps » réactualisé tout au long d’un siècle de psychanalyse.

Par « hors-temps », nous entendons ces paradoxes temporels que sont la répétition, la régression, le transfert et l’historicité propres au mouvement de la cure elle-même.

Cette antinomie de l’identité/non-identité à soi-même, ce paradoxe du mouvement, du changement et de la répétition, constituent pour certains une difficulté dans la formation; ils souhaiteraient se situer soit dans l’assurance de l’identique, soit dans la libération sans contrainte du mouvement sans limite. Nous ne partageons ni l’une ni l’autre de ces positions.

Il existe une autre antinomie sur laquelle ouvre la formation des psychanalystes. A côté du corpus de la théorie et son intelligibilité, la cure avec tout ce que la parole et le langage qui s’y déploient supposent, y compris ce que Freud appelait parfois « les transferts« , côtoie l’énigme et le mystère. Plus encore, la résolution de l’énigme ne dissipe pas le mystère. La cure psychanalytique exige d’autant plus de rigueur que son objet possède des caractéristiques étroitement associées et antinomiques que Freud nomma l’Unbewust. J.-B. Pontalis parlant de la révolution copernicienne que constitue la découverte de l’inconscient, paraphrase ainsi l’invention freudienne éclairée par l’indispensable apport de Lacan: « (…) Les éléments les plus hétérogènes, les plus inconciliables entrent en coalescence, gravitant comme des électrons autour d’un noyau qui tiendrait son pouvoir d’attraction de son vide interne ».

La théorie comme la clinique révèlent bien d’autres antinomies; c’est pourquoi il convient que la formation du psychanalyste soit vaste, même si elle n’échappe pas à l’incomplétude (de structure); elle doit être rigoureuse sans être austère: le mot d’esprit, le comique et l’humour, pour ne citer que ces témoins de la facétie de l’inconscient en constituent d’essentielles formations.

Pour toutes ces raisons, nous tentons d’articuler la formation à l’Association freudienne de Belgique autour de deux axes:

  • (1) une formation essentiellement centrée sur l’inconscient et
  • (2) des balises institutionnelles indispensables à la pérennité du mouvement psychanalytique et de l’institution qui se propose comme garante de cette possibilité.

Ces balises ne sont ni cursus, ni statuts, même si l’imaginaire collectif tend inexorablement à ramener à l’esprit une telle réduction qui ne constitue nullement notre projet.

Vous pouvez consulter ici la présentation des différents statuts (membres adhérents, effectifs et praticiens).