Textes fondateurs
Ces textes fondateurs de l’Association lacanienne internationale regroupent les éditoriaux des cinq premiers numéros du « Bulletin de l’AfB », éditoriaux rédigés ensemble par les membres du groupe de l’époque et représentatifs des enjeux qui ont présidé à la constitution de l’AfB.
Ces textes se trouvent dans l’annuaire de l’Association freudienne internationale.
Editorial du nº 1 – octobre 1984
Le fait qu’une parole soit dite ne permet pas de faire l’économie de ses effets; le fait qu’une place soit, ne permet pas de faire l’économie d’avoir à la prendre. S’il n’est pas sûr que l’on soit responsable de son inconscient, il est certain que l’on est responsable de sa position subjective. L’analyste peut-il être autre chose qu’un pousse-au-sujet? Or le sujet, ça se barre sans cesse. Tel est le paradoxe. Que son trajet d’analysant est censé lui avoir rendu praticable. Pratique qui n’est ni pure et simple attente, ni position de forçage ou de maîtrise. Entre les deux, notre coeur balancerait-il? Et s’il penchait plutôt pour le glaive? Juste repérage du Trois Sans quoi le Deux se réduit à être le second de l’Un. Ce qui fait trembler, depuis tout temps, c’est le Phallus, voilà qui ne fait aucun doute et que de sa primauté établie par Freud et située par Lacan, on a toujours tôt fait de se tenir à l’abri. S’y tenir, ou s’en tenir: voilà comment fait la langue pour évoquer l’objet, elle s’en remet à l’illusion de l’avenir.
Editorial du nº 2-3 – janvier 1985
Tout truc, toute recette de la part de l’analyste se trouve pouvoir être efficace. Y a-t-il lieu de s’en réjouir? Sûrement pas. Car cette efficacité pour être située comme effet d’acte aura à s’attester comme affouillement de l’Autre. Faute de quoi, se trouve là convoqué soit l’identification hystérique – le faire « comme Lacan » n’est aujourd’hui plus qu’un oripeau rétro, soit l’incorporation viatique – nouveau style d’utilisation des écrits qui assure de quoi faire de la cure analytique un pèlerinage dans la langue lacanienne. Question brûlante pour la psychanalyse, celle de l’usage possible de l’enseignement comme doublure à la transmission. Mettre dans le bas de laine le prix de l’acte est certes contrat d’assurance-vie; mais exclut de ce fait de la répétition toute sortie. Pour qu’il y ait de l’analyse, l’analyste ne peut se dérober à comptabiliser tout signifiant fut-il maître. Nul être, nul avoir ne peut présumer de la façon dont il aura à diriger le maniement de l’objet par le signifiant dans sa propre singularité.
Editorial du nº 4 – mai 1985
Alcool, drogue ou autre assuétude. Que peut en dire le psychanalyste dont l’habitude est qu’il ne rencontre ce « symptôme » le plus souvent que par psychiatrie interposée? Une chose de pouvoir repérer à la suite de Freud et Lacan quelles questions organisent le savoir inconscient dont l’alcoolique est le sujet. Une autre est de pouvoir, à partir de ces hypothèses, soutenir ces questions pour l’analyste qui prendrait le risque de s’y confronter. Pouvons-nous prétendre à autre chose que de laisser notre savoir-faire suppléer à l’habituelle impossibilité de la rencontre? Et si l’analyste aujourd’hui avait à remettre l’assurance de ses questions sur le métier d’une clinique qui lui échappe? Pari peut-être. Mais d’abord exigence éthique pour que l’analyse ne soit pas qu’un savoir nouveau. L’ « il n’y a pas de rapport sexuel » peut-il ne pas être qu’une réponse anticipée à ce qu’une clinique in-habituelle vient interroger? Et si tel était l’enjeu pour qu’une clinique du transfert ne se boucle pas sur son verrou.
Editorial du nº 5 – octobre 1985
Faute d’un acte, un sujet ne tourne que dans la répétition. Il règle, il louvoie, il dérive, il se crispe… A l’analyste d’offrir par la vertu du transfert le possible d’un acte. A l’analysant d’en tenir le risque. Pour ce faire, pas de savoirs; ni sextant, ni boussole. A moins de dénaturer l’acte analytique lui-même dans ce qui ne serait plus dès lors que mime ou répétition d’acte. Alors, comment se garantir? Ici, pas d’omnium – entendez « pas tout ». Que le signifiant manquant le soit de structure n’empêche pas le parlêtre de le conjuguer au féminin. Qu’une femme – ou qu’un homme pourquoi pas? – s’en insupporte, c’est du maternel qu’elle peut se parer, voire s’emparer. La question n’est pas épuisée pour autant: le tribut de la mère est bien du réel. Le tour de salle gynécologique est à cet égard parlant. Manière de revenir à la clinique. Encore.
Un peu d’Histoire
- Une interview de Jean-Pierre Lebrun sur l’histoire de l’Association freudienne de Belgique et de l’Association lacanienne internationale (2017): ici
- Editoriaux
de 2013 à 2022 - Eléments d’histoire de la psychanalyse en Belgique francophone*
(BF 50-51 Avril 2008)